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La Fille du régiment - Hommage à Donizetti - Festival 2018

Rataplan-plan-plan, roulent les tambours... Voilà comment s'ouvre l'édition 2018 des Folies d'O, célébrant l'univers de Gaetano Donizetti. Entre l'opéra militaire, qui faisait vibrer la France de 1840, et le belcanto italien sans lequel l'opéra n'existe pas, Donizetti trace son chemin singulier.

Lorsque le compositeur de Bergame arrive à Paris en 1838, il est déjà reconnu dans son pays natal, avec 19 opéras composés en dix ans. Mais c'est dans la capitale française, alors cœur battant de la musique, qu'il veut s'imposer. Bellini est mort, Rossini s'intéresse davantage à la gastronomie qu'à la composition... Donizetti répond à l'appel parisien avec des tambours, des chœurs militaires et un vibrant hymne à la France. Pourtant, la virtuosité italienne n'est jamais loin : des vocalises de soprano et des pyrotechnies de ténor - dont les célèbres cinq contre-ut alignés dans une seule aria - font de La Fille du Régiment un chef-d'œuvre hybride.

Pourquoi cet opéra dans un festival habituellement dédié à l'opérette ? Parce que la frontière est fine entre ces deux genres. Offenbach lui-même s'est inspiré des tambours et des soldats de Donizetti pour ses propres créations, de La Grande Duchesse de Gérolstein à La Vie Parisienne. Et si l'intrigue de La Fille du Régiment vacille parfois, sa légèreté permet toutes les audaces scéniques.

Pour cette version, les Folies d'O ont confié l'œuvre à Shirley et Dino, duo virtuose du détournement bienveillant. Ils font résonner sous les tambours la tarentelle italienne, évoquant les grands noms du cinéma transalpin : Fellini, Dino Risi, Mario Monicelli... Entre humour, tendresse et éclats de voix, ce spectacle est une déclaration d'amour à la fois à la France et à l'Italie.

Vive la France, Forza Italia !

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Par Shirley et Dino

À la suite d’une commande de l’Opéra Comique, Donizetti compose La Fille du régiment .

Il est question d’armée française qui occupe le Tyrol. Mais Donizetti reste profondément italien. Tout, dans la musique, les dialogues, rappelle la comédie à l’italienne.

Pour notre mise en scène, nous nous inspirons de la grande époque du cinéma italien

des années 50-60. Celui de Fellini, De Sica, Risi, Monicelli… Notre Marie rappelle la belle

et colérique Bersalière interprétée par Gina Lollobrigida dans le film Pain, amour et fantaisie réalisé par Luigi Comencini, 

et Tonio le jeune et timide carabinier amoureux.

Nous aimons cette période particulièrement riche, où la comédie croise le drame, le mélodrame, la farce. 

Les faiblesses de chacun, les petits travers, les joies, toutes les émotions sont fouillées et laissent percevoir notre propre humanité. Les thèmes abordés sont profonds, graves, mais le vent de la dérision et l’ironie souffle en rafales.

Le sujet même de La Fille du régiment nous y invite : « Une femme riche, il y a de cela longtemps, a abandonné son bébé, afin d’échapper au déshonneur. L’enfant, une petite

fille, fut recueillie et élevée par un brave sergent au sein même du régiment. Mais la petite Marie est aujourd’hui une jolie jeune fille et, à la manière des amoureux de la

Commedia dell'arte, elle tombe follement et naïvement amoureuse. »

Le chœur, très présent durant le long premier acte, représente un régiment militaire en attente interminable de combat. Afin d’illustrer l’ennui que peut susciter une telle situation, chacun exécute à sa façon une corvée ou s’adonne à son penchant. Le gourmet qui cuisine et déguste les pâtes, le méticuleux qui recoud ses chaussettes, le coquet tiré à quatre épingles, celui qui lave son linge, le barbier qui rase ses compagnons, les passionnés qui jouent aux cartes, le vendeur de bibelots… bref, une vibrante ambiance à l’italienne, chaleureuse et drôle. Faire rire, émouvoir, enthousiasmer reste notre unique désir. À cette fin, notre imaginaire se déploie, les idées affluent, la comédie nous envahit. Il y a les idées qui naissent de l’histoire même, des situations écrites. Et puis les autres, celles qui sortent du contexte ; les plus loufoques, les plus surprenantes et sans doute, les plus drôles. Car pour nous, tout est permis ! À la façon des Marx Brothers, des Monty Python, des Branquignols ! Et pour y réussir, il est nécessaire de respecter l’œuvre. Que les chanteurs soient irréprochables dans l’interprétation vocale et le jeu, que la musique soit superbe, que les costumes et les décors soient beaux. Nous utilisons un tout nouveau procédé de multi-projections de photos et de vidéos en mapping. Encore peu utilisé dans la scénographie de spectacle vivant, nous sommes séduits par la beauté et la magie qui en résultent. Lorsque le spectateur prend place, il découvre un décor blanc, composé de panneaux, de cubes, d’escaliers. Une structure informe, abstraite. Et brusquement, les images projetées font surgir l’intérieur d’une église avec ses couleurs, ses dorures, ses lumières qui traversent les vitraux, le tout dans une réelle profondeur. Les différents panneaux ainsi que la projection en 3D, permettent aux acteurs d’évoluer comme dans un intérieur en volume. La vidéo d’une forêt, le vent dans les arbres, un animal qui traverse, le réalisme d’un tel décor contribue à la magie qui s’opère là, sous nos yeux. Nous abordons cette œuvre, comme à notre habitude, avec l’envie et le plaisir de réaliser un grand divertissement.

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