Folies Lyriques
LA VEUVE JOYEUSE : OPÉRETTE, POLITIQUE ET SÉDUCTION SOUS LES ÉTOILES
Un chef-d’œuvre intemporel entre élégance et satire
Après Offenbach, difficile d’être comblé par une autre partition… sauf quand il s’agit de La Veuve Joyeuse de Franz Lehár. Entre valses viennoises étincelantes et intrigues savoureuses, cette opérette cultive un irrésistible mélange de légèreté et de piquant. Car derrière le faste et les plaisirs mondains, ce chef-d’œuvre joue avec des thèmes aussi éternels qu’actuels : argent, pouvoir et séduction.
Une histoire qui résonne avec notre époque
La Marsovie est au bord de la faillite. Seule solution ? Que la richissime veuve Hanna Glawari reste au pays et ne dilapide pas sa fortune ailleurs. Pour la retenir, un plan est ourdi : lui faire retrouver l’amour auprès du prince Danilo. Mais les jeux de séduction en service commandé réservent toujours leur lot de surprises… Sexe, mensonges et diplomatie : La Veuve Joyeuse pourrait aisément s’exporter dans n’importe quelle époque contemporaine !
Un festival de mélodies inoubliables
Si la trame nous amuse, c’est surtout la musique qui nous enivre. De la célèbre Chanson de Vilja aux envolées enivrantes des valses, Lehár compose ici un répertoire où l’opérette flirte avec l’opéra. Sous la baguette du chef d’orchestre, chaque note danse sous les étoiles, entre éclat et émotion.
Entre satire sociale et éclat musical, La Veuve Joyeuse est une fête où l’on se laisse emporter avec délice. Un pur moment de plaisir, à savourer sans modération.

Pascale Chevroton, mise en scène
1905, Vienne, Gustav Mahler, alors directeur du Wiener Staatsoper, assiste à la première de La Veuve Joyeuse du compositeur Franz Lehár et des librettistes Victor Léon et Léo Stein.
Le lendemain, Mahler se rend immédiatement chez Döblinger, la grande librairie musicale de Vienne ; sa femme Alma l’accompagne, elle a pour ordre de distraire le libraire afin que son mari puisse, à l’abri des regards, se plonger dans la partition d’orchestre de cette fameuse Lustige Witwe que bien des années plus tard il déclarera « un chef d’œuvre musical malgré son genre… ».
Ce chef d’œuvre est l’une des opérettes les plus jouées au monde. Sa force réside dans l’équilibre parfait entre le divertissement (la course à l’argent) et les grands sentiments (la course à l’amour). Le contexte politique de l’ouvrage pourrait être conjugué au présent si la musique ne transportait pas une certaine nostalgie.
La version habituellement donnée en France diffère largement de l’originale, une grande partie du livret mais aussi certains passages musicaux y sont transformés, quelques numéros y sont rajoutés. Ainsi, partant de la version originale de Vienne puis des différentes versions montées en Allemagne, j’ai reconstruit une nouvelle version française dans laquelle il me tient à coeur de rester le plus fidèle possible à l´esprit original de l’œuvre.
L’actualité est une grande source d´inspiration pour Lehár. A la base du ressort comique, la problématique d’un pays situé en Europe de l’Est qui cherche à renflouer ses caisses par tous les moyens, légaux ou illégaux, reste au centre de la mise en scène, sans pourtant jouer l’actualité Wikileaks et des secrets d’ambassades dévoilés ou encore de la ruine bien réelle de quelques pays de l’Union Européenne. Et comme à l´époque de Lehár au début du siècle dernier, la France, l’autre nation, la « grande », reste le symbole vivant de tous les pays riches où il fait bon vivre.
Si les costumes dévoilent un peu l’époque, ils ne nous y enferment pas, les anachronismes nous permettent d’en sortir et de rendre à l´ouvrage une dimension plus intemporelle, en particulier dans les scènes entre nos protagonistes Hanna et Danilo. Seul le personnage d’Harpad, attaché d’ambassade, restera là où la Veuve est née, au début de l’autre siècle.
En s’attachant à « l’originale » comme base de notre travail, tout en conservant la liberté nécessaire à l’inspiration, notre démarche donne à cette Veuve « sous les étoiles » la possibilité d’un nouvel envol. La course à l’argent via l’amour ou à l’amour via l’argent peut commencer !
