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LA GRANDE DUCHESSE DE GÉROLSTEIN : OFFENBACH EN VERSION DÉTONANTE

Une héroïne sur mesure pour un rôle d’exception

Il est rare qu’une œuvre s’impose à un directeur artistique en pensant immédiatement à son interprète. Pourtant, dès que le nom de La Grande Duchesse de Gérolstein fut prononcé, celui de Marie-Ange Todorovitch s’imposa avec une évidence absolue. Une voix généreuse, une présence scénique éclatante, un abattage digne des grandes meneuses de revue… Elle était, elle devait être, l’affriolante Grande Duchesse d’Offenbach.

Un festival sous le signe de la jubilation

Retrouver Offenbach est toujours un plaisir. Le jouer sous les étoiles du Domaine d’O, dans l’effervescence des Folies Lyriques, en est un double. La Grande Duchesse de Gérolstein, c’est l’esprit mordant du maître de l’opérette, entre satire militaire et comédie étourdissante. Entre quiproquos et numéros virevoltants, la farce se mêle au grand spectacle dans une explosion de rires et de rythmes enlevés.

Offenbach rencontre la bande dessinée

Fidèle à sa mission de redonner des couleurs modernes à l’opérette, Folies d’O s’offre une collaboration inédite avec le dessinateur de BD Philippe Caza. Connu pour ses planches de science-fiction et ses univers visionnaires, il apporte ici une touche graphique audacieuse. Quand l’extravagance d’Offenbach croise l’imaginaire foisonnant de Caza, les étincelles sont garanties !

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Si La Grande-duchesse de Gérolstein est une bouffonnerie, elle fut aux oreilles contemporaines aussi impertinente qu’aujourd’hui Les Guignols de l’Info. Meilhac et Halévy, complices et librettistes d’Offenbach, y croquaient d’une plume corrosive les us et coutumes de la famille et de l’entourage impérial, dont les menées guerrières allaient bientôt provoquer l’écroulement de 1870.

La Grande-duchesse était notamment une caricature déguisée de l’impératrice Eugénie, qui se mêlait beaucoup de politique : elle avait entraîné Napoléon III dans la désastreuse guerre du Mexique, et le poussait à la conquête de nouveaux territoires. Maigre revanche extérieure pour compenser sa défaite intime, car son mari collectionnait les conquêtes… féminines.

Comme Carmen, la Grande-duchesse prend d’autorité la place de l’homme dans le processus de séduction, et ce jeu militarisé tourne vite à la guerre des sexes. Mais, dans un monde dominé par les hommes, elle reste un jouet politique.

La mise en scène choisit une intemporalité moderne. Contrairement à la débauche de couleurs, la rutilance des décorations et l’arrogance des uniformes anciens, le conquérant moderne avance masqué. Le camouflage habille les armées en campagne dans le monde entier et contamine la mode. Chacun avance camouflé, pour mieux surprendre l’ennemi, l’Autre.

La Cour de Gérolstein ressemble à s’y méprendre à l’entourage de nos décideurs, que leurs actes affectent un peuple ou une poignée d’individus. Soucieux de préserver l’esprit caustique et coquin des créateurs, nous avons adapté les dialogues et réalisé la mise en scène en glissant des allusions à des personnages contemporains, des citations de discours modernes, comme des réminiscences… Mais le duché de Gérolstein reste et doit rester un pays imaginaire, où la fantaisie et la folie poétique font danser l’opéra. Le hip-hop d’aujourd’hui se mêle à la révérence d’hier, le smoking à la crinoline , la Vème République au Second Empire.

Parabole sur la poudre (de riz !) et le champagne, La Grande-duchesse de Gérolstein est d’abord une histoire d’êtres humains et de leur difficultueuse valse-hésitation à deux temps : l’amour, le pouvoir, le pouvoir, l’amour, l’amour…

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